The Pursuit of Musick
FIGURES FROM ANTIQUITY
516-517
Bonnet & Bourdelot, Histoire de la Musique, vol.1 (Amsterdam, 1725), 75–99
‘les Phéniciens … prétendent que ce fut Cadmus, qui porta à Athènes les premiers élemens de la Musique’. • ‘Ce n’étoit pas tant à cause de la douceur du chant, ni de l’harmonie des Instrumens, que les Grecs estimoient la Musique, que parce qu’ils étoient persuadez qu’elle étoit le fondement & la régle des bonnes moeurs; c’est pourquoi nous voyons que les Musiciens étoient tous Philosophes, & qu’ils passoient pour les Correcteurs des passions.’ • ‘Homére, dans son Iliade, dit que Chiron apprit la Musique à Achille, pour s’en servir seulement à moderer sa colére, en chantant sur la lyre’. • ‘les Grecs ont encore regardé Apollon comme le Dieu de la Musique; c’est pourquoi les Athéniens le representoient avec la lyre à sept cordes, par rapport aux sept Planetes; quelques-uns disent qu’il en avoit donné les principes à Orphée; les Egyptiens prétendent que ce fut à Amphion, & les Lacedemoniens ont souvent représenté Apollon avec quatre oreilles, & quatre mains, voulant faire comprendre qu’on n’en sçauroit trop avoir pour exceller dans l’Art de la Musique, soit pour la vocale ou pour l’instrumentale’. • ‘les Spartiates donnoient tous les ans une grande Fête publique dans le Carnéon, qui étoit un Temple consacré à Apollon ... Timothée, Musicien d’Alexandre, y vint un jour de la celebration de cette Fête, dans l’esperance de remporter le prix; il s’ingera d’ajoûter quatre cordes à sa lyre, qui n’en avoit jamais eu que sept ... mais l’un des Ephores, ou Juges de ces spectacles, s’étant apperçu de ce changement, se saisit de sa lyre qui fut exposée en public, & apendue dans le Temple d’Apollon comme une victime’. • ‘Pline prétend qu’Amphion étoit fils de Jupiter, & d’Antiope, repudiée par son mari Lucus, Roi de la fameuse ville de Thèbes, qu’on dit avoir eu cent portes, et qu’il fut nourri parmi des Pasteurs; qu’ensuite Mercure lui apprit à jouer du luth, & d’autres Instrumens, ... les Muses firent encore présent d’un luth à cet Amphion, qui en jouoit avec tant de perfection, qu’il animoit les pierres ...; il demeuroit alors dans un petit Hameau près de la seconde Ville de Thèbes, laquelle étoit batie sans murailles; les nouveaux Thebains entreprirent de la clore par le secours d’Amphion, qui se promenoit autour de la Ville en jouant de son luth, dont l’harmonie avoit tant de puissance & tant de charmes, qu’elle attiroit les pierres, lesquelles (dit la Fable) s’arrangeoient d’elles-mêmes très-artistement pour la construction des murs de cette Ville’. • ‘Orphée ... étoit fils d’Apollon & de Calliope, natif de Thrace; ... Virgile & Ovide disent qu’il jouoit de la harpe avec tant de perfection, que les animaux le suivoient pour l’entendre, qu’il animoit par la force de la Musique les choses les plus insensibles, qu’il descendit aux Enfers pour avoir sa femme Eurydice, qu’il sçut fléchir Pluton & Proserpine par la force de ses chants tristes & lamentables, qui exprimoient si bien sa douleur, qu’ils lui accorderent sa femme, à condition qu’il ne l’envisageroit pas, & ne regarderoit point derriére lui, jusqu’à ce qu’il fût remonté sur terre; mais il ne put resister à l’impatience amoureuse de la voir, ni de regarder si elle le suivoit, ce qui fut cause qu’Eurydice retourna aux Enfers; il en conçut une si grande douleur, qu’elle lui causa un dégoût pour toutes les femmes; il s’appliqua même à persuader les habitans de Thrace, de se dégager de la passion qu’ils avoient pour les leurs, & d’attacher leur affection à l’autre sexe: ce qui irrita si fort les femmes de Thrace, qu’elles concerterent entr’elles de l’assassiner un jour des fêtes Bachanales; elles le déchirerent par morceaux, dont chacune emporta sa part.’ • ‘Arion, natif de l’Ile de Lesbos, s’acquit une grande reputation par l’excellente maniére de jouer de la harpe qu’il joignoit à la douceur de sa voix; il alloit souvent dans les fameuses Villes de la Gréce, dont il rapportoit de grands profits de son jeu; ... étant à Otrante il fit marché avec des Mariniers pour le ramener a Corinthe; mais quand il fut en pleine Mer, les Mariniers, voyant qu’il avoit beaucoup d’argent, complotterent de le jetter dans la Mer. Arion, se défiant de leur mauvaise volonté, tâcha de les fléchir par ses paroles, & par les airs les plus tendres qu’il joua sur son luth: ses plaintes furent inutiles à leur égard; mais l’harmonie de son chant attira une bande de Dauphins autour de sa barque, dont il y en eut un qui le reçut sur son dos lorsque les Mariniers le jetterent dans la Mer, & qui le transporta au Cap de Matapan en Morée, & y ayant pris terre, il alla à Corinthe faire sa plainte à Periander’. • [Pythagoras] ‘ce grand Musicien avoit composé un Instrument de Musique avec des cordes attachées à une muraille, qui rendoit une harmonie inimitable, dont ce Philosophe [Iamblichus] donne la description; il dit encore que Pythagore composoit des chants ou des airs, pour appaiser les passions violentes ... Pythagore étant en Sicile trouva de nouveaux tons de Musique, en passant près d’une Forge, où il entendit les Forgerons qui battoient à grands coups de marteaux le fer chaud sur l’enclume, qui rendoit par leur battement des tons harmonieux; il se vantoit d’entendre la symphonie des Orbes celestes.’ • ‘Moïse, ce grand Legislateur des Hebreux, nous apprend dans la Genèse, que Jubal, fils de Lamech, fut l’Inventeur de la Musique vocale, & de l’instrumentale, ou qu’il fut le premier qui la mit en usage, environ l’an 230, après la création du Monde, & que Enos fut le premier qui chanta les louanges de Dieu; mais il ne dit pas comment Jubal l’inventa, ni s’il en fit un Art ou une Science.’ • ‘Joseph ... dit aussi que Jubal fut l’Inventeur du Psalterion & de la Harpe’.